ROMA
A Rome: défendons ESC, défendons la ville du commun et de la solidarité !
Suite au lancement par la Mairie de Rome d’un avis d’expulsion de l’atelier autogéré ESC, ce «lieu où s’expérimente chaque jour la démocratie radicale, une nouvelle forme de welfare, le mutualisme et la solidarité», une pétition demande à la Mairie de revenir sur sa décision. Elle a été signée, entre autres, par le philosophe italien Toni Negri, le philosophe français Etienne Balibar, le géographe britannique David Harvey et le député espagnol de Podemos, Íñigo Errejón…
Publié aussi ici: blogs.mediapart
Nous avons récemment appris avec consternation que la Mairie de Rome avait lancé un avis d’expulsion de l’atelier autogéré Esc. Nous avons aussi découvert qu’une telle décision s’est abattue sur une dizaine d’autres centres sociaux et associations culturelles. Tout cela est une très grave erreur, qui touche au plus profond les dynamiques positives qui continuent de survivre dans une ville comme Rome, qui depuis toujours, se distingue par son engagement sans faille pour l’autogestion, le mutualisme, la production culturelle indépendante.
Esc est actif à Rome depuis plus de 11 ans. C’est le lieu où s’expérimente chaque jour la démocratie radicale, une nouvelle forme de welfare, le mutualisme et la solidarité. De l’assistance légale et la formation linguistique aux migrants à la défense des travailleurs freelance et précaires à travers de nouveaux dispositifs syndicaux (Chambres du Travail Indépendant et Précaire), Esc se bat pour les droits de ceux qui n’en ont pas. L’Université Métropolitaine Libre alimente la pensée critique, aussi bien à Rome qu’au niveau transnational, avec de nombreux séminaires, publications, présentations de livres. Chaque année, le festival L/ivre promeut le monde de l’édition indépendante, en accueillant des milliers de personnes : Esc est une protection indispensable contre les coupes budgétaires, toujours plus importantes dans le secteur de l’éducation publique, scolaire et universitaire et dans le secteur de la culture. C’est une protection contre les dérives néolibérales des lieux de la formation et de la recherche.
Comme Esc, tant d’autres lieux autogérés et associations développent et organisent chaque jour, par le bas, ce welfare que les politiques d’austérités ont saccagé avec le début de la Grande Dépression mondiale. Cibles de ceux en charge du commissariat de la capitale, à un point tellement exubérant que ces derniers vont jusqu’à ratifier la privatisation des crèches, la suppression du paiement des heures supplémentaires des employés du secteur public, la fermeture des chenils municipaux ; jusqu’à attiser à de plus ou moins grandes échelles des crises de l’emploi dans le secteur des services et le secteur tertiaire.
Nous demandons donc, avec détermination, à ce commissaire Troca, de revenir sur sa décision, et d’appeler à la suspension immédiate de cet ordre d’expulsion. Nous demandons au contraire qu’il vienne à la rencontre de toutes ces réalités d’autogestion, cette richesse éthique et sociale d’une ville qui souffre de plus en plus de fragmentation et de solitude.
Nous nous engageons donc tous avec ardeur dans la défense d’Esc. Avec cet appel, nous encourageons à repenser radicalement les pratiques de gouvernement de ce patrimoine public. Pour faire prévaloir la démocratie des biens communs, il faut savoir reconnaître et soutenir toutes ces expériences qui alimentent des circuits de solidarité, d’un nouveau mutualisme et de libre production culturelle.